Présidentielle 2012 : « Borloo veut baisser les salaires des ministres »

de | 2011-08-23

Le possible candidat à la présidentielle veut taxer davantage les riches, les « super riches » et réduire les indemnités des membres du gouvernement.

Billel Ouadah 1575566_d77f7ed8-cd06-11e0-ada4-00151780182c_640x280 Présidentielle 2012 : "Borloo veut baisser les salaires des ministres" Actualités nationales Jean-Louis Borloo  Billel Ouadah

Paris, hier. Jean-Louis Borloo souhaite qu’un effort « visible » soit fait sur « les budgets de communication, les frais de bouche, les voitures de fonction des ministères et des grandes collectivités ».  (LP/ALAIN AUBOIROUX.)

A la veille de la présentation du budget, le président du Parti radical détaille ses propositions pour réduire les déficits.

En pleine tourmente sur les marchés financiers, le gouvernement annoncera demain un tour de vis budgétaire. Les Français s’attendent à une cure d’austérité. Y a-t-il une alternative ?
JEAN-LOUIS BORLOO. Oui bien sûr, il y a une alternative.

On peut très vite revenir dans un système vertueux sans toucher aux revenus des ménages, ni à l’activité économique, ni aux prestations sociales, mais en taxant le capital et les très hauts revenus. Les revenus du capital sont moins fiscalisés que le travail. Un professeur, un ouvrier, une infirmière ont un taux d’imposition supérieur à celui qui vit des rentes du capital. C’est indécent. On peut tout de suite augmenter de 19% à 25% le prélèvement forfaitaire libératoire qui s’applique au rendement du capital financier. Cela rapporterait deux milliards d’euros par an. Je suis également favorable à une nouvelle tranche d’imposition de 46% pour les hauts revenus. Et pour les très, très hauts revenus, c’est-à-dire plus d’un million d’euros par personne, je propose d’instaurer une taxe exceptionnelle de 4% pendant trois ans. Enfin, les grandes entreprises paient moins d’impôts que les petites. Donc je propose pour celles qui sont cotées en Bourse, une taxe de 2% sur les bénéfices.

Faut-il supprimer des niches fiscales ?
Pas celles qui touchent les foyers, mais celle réservée aux groupes qui vendent des filiales, qui sont exonérés de taxe sur les plus-values depuis 2004. Il faut évidemment rétablir cet impôt. Cela n’affectera ni la croissance ni l’emploi, et cela rapportera au moins six milliards d’euros.

Vous avez écrit à Angela Merkel pour plaider en faveur de la taxe sur les transactions financières. Cette mesure a été annoncée lors du sommet franco-allemand. Quel calendrier préconisez-vous ?
Il faut la mettre en place avant la fin de l’année. On va nous dire que c’est impossible. J’ai déjà entendu tel ou tel dire : « Oui mais c’est compliqué » ou « Oui mais les Anglais ne voudront pas ». Cette taxe, ce n’est pas moi qui l’ai inventée, mais c’est un combat que je mène depuis deux ans. Les transactions financières, c’est la seule activité qui n’est pas taxée! Un tel prélèvement rapporterait 8 ou 17 milliards, selon le taux retenu.

Vous avez l’air de douter de sa mise en place ?
En 2008, quand il a fallu venir au secours des banques, c’était autrement plus compliqué, et on l’a fait. J’ai peur simplement que ça traîne, qu’il y ait 22 bonnes raisons pour ne pas la mettre en place. Techniquement, on sait faire, et les peuples européens le veulent. Le silence demain sur cette taxe serait très inquiétant.

Combien rapporterait le « plan Borloo » ?
L’ensemble de ces mesures rapporterait une vingtaine de milliards d’euros et permettrait de réduire le déficit autour de 3% du PIB. On a les marges de manœuvre. Et pour montrer l’exemple, je souhaite qu’un effort visible soit fait sur les budgets de communication, les frais de bouche, les voitures de fonction des ministères et des grandes collectivités. Dans beaucoup de pays d’Europe, les ministres se déplacent en tram ou en transports collectifs. Il faut revoir nos palais nationaux, avoir des bureaux normaux. Et je propose symboliquement que les membres du gouvernement et les parlementaires décident spontanément une baisse de 5% de leurs revenus. Ce n’est pas cela qui va changer le déficit du pays, mais ça veut dire qu’on se mobilise et ça a valeur d’exemple.

On va vous taxer de démagogie…
Je ne crois pas. Donner l’exemple n’a jamais été démagogique.

Source : Le Parisien – Nathalie Segaunes – Le 23 août 2011