Présidentielle 2012 : « En meeting à Strasbourg, Bayrou prône une refondation de l’Europe »

de | 2012-03-06

Billel Ouadah 6a00e54ed677a188330167637d5445970b-580wi Présidentielle 2012 : "En meeting à Strasbourg, Bayrou prône une refondation de l'Europe" Actualités nationales Billel Ouadah  Billel Ouadah
En meeting à Strasbourg, le candidat du MoDem à la présidentielle, François Bayrou, a lancé mardi soir un appel à une "refondation" de l'Europe, qu'il trouve aujourd'hui "désenchantée" mais qui demeure pour lui "la clef du destin de la France".

Choisir Strasbourg pour parler d'Europe s'imposait pour le troisième homme de la présidentielle de 2007, crédité de 12-15% dans les derniers sondages.

Pas seulement parce que le Parlement européen y siège mais aussi parce que la ville fut dirigée par l'un de ses maîtres, Pierre Pflimlin, figure de la démocratie chrétienne, qui présida ce parlement et professait bien avant lui le retour d'une Europe "lumière du monde".

"Aujourd'hui, l'Europe est désenchantée. On a l'impression que personne n'aime plus l'idée européenne, que l'Europe est absente, honteuse, cachée", a constaté François Bayrou.

Pourtant, juge le leader centriste, dont la famille politique a toujours été à la pointe du combat européen, "l'Europe est la clé du destin de la France comme la France est la clé du destin de l'Europe".

Le président du MoDem s'est exprimé devant quelque 1.200 personnes (1.500 selon le MoDem) dont les eurodéputés du parti, Marielle de Sarnez et Nathalie Griesbeck, au palais des congrès de la ville.

"Il existe des domaines que les Européens ne peuvent qu'aborder ensemble": commerce international, résistance aux pressions abusives, la lutte contre les paradis fiscaux, etc., a estimé le leader du MoDem. Et la zone euro doit être "par nature une zone de solidarité".

"Si elle cessait de l'être, elle exploserait", prévient-il, en plein débat sur l'aide aux pays européens endettés. "La maladie ou la fragilité de l'un d'entre-eux serait aussi la fragilité des autres", a-t-il fait valoir.

"Il nous faut donc une politique unifiée fondée sur la transparence de la situation de chaque pays", a-t-il dit, en évoquant la Grèce et "les mensonges d'Etat de gouvernants sur la situation nationale de leur pays".

Il a dénoncé dans ce cadre l'opposition en 2005 de "la France et l'Allemagne, qui n'avaient de cesse de relâcher les règles communes, à l'extension du contrôle d'Eurostat (statistiques européennes, ndlr)". "Nous demandons donc aujourd'hui à avoir cette instance européenne de transparence et de contrôle", a-t-il lancé.

Alors, "oui, aux règles communes, comme la règle d'or ou la disparition des déficits", a ajouté François Bayrou qui s'est également prononcé "pour une politique commune de croissance, d'équipement, d'innovation portée par une autorité légitime". Il n'est en revanche pas favorable à la renégociation du traité européen prônée par François Hollande.

Pour le leader centriste, "la légitimité démocratique" doit être le mot clef des réformes à venir: "Nous sommes une démocratie et il n'est qu'une chose qui échappe aux principes d'une démocratie de plein exercice, c'est l'Europe".

"Il faut une autorité incarnée au sommet des institutions européennes. Et cette autorité ne peut être qu'élue", a-t-il expliqué, en proposant une élection du "président de l'Union", soit au suffrage universel soit en congrès (parlements nationaux et parlement européen).

Or, "le choix qui a été fait, c'est celui de donner tous les pouvoirs aux parlements nationaux sous direction et mise en scène de Sarkozy et Merkel, les autres étant priés de suivre", a-t-il dénoncé. "Ce choix est voué à l'échec, L'Europe ne se dirige pas à deux" et "on ne peut prétendre faire obéir au sifflet des peuples ou des Etats", a-t-il ajouté.

Enfin, François Bayrou a plaidé pour une refondation du modèle européen: moins "éphémère, consumériste et low-cost", "plus durable et plus jeune".

Source : AFP – Le 6 mars 2012