Jean-Christophe Lagarde et Laurent Hénart refusent les propositions de l’Elysée qui n’a pas réussi à enrôler les amis de Borloo

de | 2011-06-30

Le chef de l'Etat fait entrer trois centristes au gouvernement, sans affaiblir Jean-Louis Borloo.

Il en rêvait depuis 2007. C'est fait. Qu'importe si son « patron », le président du Nouveau Centre, Hervé Morin, qui l'a « félicité », n'a eu de cesse de dégainer ses flèches contre le chef de l'Etat depuis son éviction du ministère de la Défense, mi-novembre. François Sauvadet, chef de file des députés Nouveau Centre, est nommé ministre de la Fonction publique, succédant à Georges Tron. Une vraie-fausse prise de guerre pour Nicolas Sarkozy. François Sauvadet appartient, certes, à l'Alliance des centres lancée en fanfare dimanche dernier à Epinay-sur-Seine. Mais il ne fait plus partie de la garde rapprochée de Jean-Louis Borloo, dont la candidature à la présidentielle, de moins en moins virtuelle, fait frémir l'Elysée. « Il ne s'est pas trop posé la question de ne pas y aller », glisse spontanément son entourage. L'homme a toujours joué l'équilibre, n'embrayant jamais sur les attaques antisarkozystes d'Hervé Morin, tout en soutenant sans ostentation « le candidat naturel » du centre-droit, Jean-Louis Borloo, à qui il reconnaissait en tout cas « une forte image dans l'opinion ».

Gages de bonne volonté

Son entrée au gouvernement avait été actée lundi après-midi, lors de sa rencontre avec le président à l'Elysée. « Nicolas Sarkozy a beaucoup apporté à notre pays », confiait récemment le nouveau ministre, dont la promotion fissure de facto la belle unité affichée d'un centre-droit tenté par la dissidence. Jean-Christophe Lagarde, le député-maire Nouveau Centre de Drancy, maillon fort du dispositif Borloo, a en revanche, lui, refusé la proposition de Nicolas Sarkozy, plaisantant sur le mode « Matignon, sinon rien ! », après une autre fin de non-recevoir, celle de Laurent Hénart, le numéro deux du Parti radical de Jean-Louis Borloo, reçu la semaine passée à l'Elysée. Mais le président devait maintenir hier après-midi un rendez-vous avec Jean-Christophe Lagarde.

A ceux qui accusaient l'exécutif d'avoir « droitisé la majorité », le chef de l'Etat, à défaut d'enrôler les amis de Borloo, donne, toutefois, des gages de bonne volonté. Pour mieux mettre à mal les critiques de l'Alliance sur la sous-représentation de l'aile centriste de la majorité au gouvernement, il a aussi nommé secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants le député du Maine-et-Loire Marc Laffineur, de sensibilité libérale… et centriste. Et désigné ministre délégué aux Affaires européennes Jean Leonetti, vice-président du groupe UMP à l'Assemblée, seul député radical à être monté au créneau contre l'autonomie choisie par Jean-Louis Borloo.

Source : Les Echos – Caroline Derrien – Le 30 juin 2011